Mélanges offerts à Beïda Chikhi
Les littératures francophones dessinent des continents archipéliques au gré de leurs « destinées voyageuses ». Habitant à la fois le socle fondateur des imaginaires français et le tremblement des pensées du monde, elles sont des isthmes que l’on parcourt en liberté en redécouvrant les lieux, les mots et les concepts et qui proposent à qui les écoute un discours éclairant sur le littéraire. Ce discours est celui qui, attentif aux fondations et au tutélaire, se tourne vers leurs reconfigurations perpétuelles dans et par le symbolique ; la littérature étant le lieu sans cesse inventé de l’effet, c’est là que se révèle, se dévoile et se pare le désir de s’enraciner dans une pensée du lien, de l’ailleurs et de l’intention. De l’origine au corps et aux corpus, les textes francophones sont des traces d’un désir toujours renaissant.
Les études littéraires francophones sont un champ en perpétuelle constitution, ancré dans une turbulence essentielle qui protège contre les assignations identitaires et garantit une intranquillité épistémologique féconde. Au cœur de ce champ, Beïda Chikhi occupe une place singulière, déterminée par son parcours propre – de Batna à la Sorbonne – mais surtout par une certaine manière de révéler des liens et des passerelles entre des corpus, des appareils critiques, des voix diverses.
Écrivains et chercheurs se réunissent pour lui rendre un vibrant hommage, en déroulant chacun à sa façon le fil des questionnements, des cheminements et des enseignements de ce grand professeur de la Sorbonne. Articles scientifiques et textes inédits se répondent et construisent un livre multiple et fidèle à celle qui l’inspire, dont la structure tripartite expose successivement des réflexions sur l’origine et les filiations (« Éclosions, transmissions ») ; sur les déplacements, décentrements et contrechamps (« Destinées voyageuses ») ; des plongées dans les textes francophones enfin (« Tête à textes »). Un livre riche dans lequel se reflète un corpus toujours étonnant.
Anne Douaire-Banny
Préface. Titres, pointes et contrechants
Beïda Chikhi, Le nom recomposé d’Osiris
Première partie
Éclosions, transmissions
Roseline Baffet, Le diwan de Beïda : une invitation au banquet socratique
Virginie Brinker, Plumes de mots : fables de l’origine et naissances poétiques
Ali Chibani, « La mort seule nous affranchit de la mort… ». Introduction à une étude comparative des oeuvres de Jean El Mouhoub Amrouche avec les chants funèbres de Kabylie
K. Madavane, Au temps où les colonnes soupiraient… à Pondichéry
Fernanda Murad Machado, Le retour du passé dans l’oeuvre d’Hampâté Bâ : entre mémoire et imagination
Samir Marzouki, Blanche ou le souvenir
Pierre Medehouegnon, Du mythe du Dieu d’eau à l’expression de la modernité : quelques réflexions sur les rapports des écrivains africains francophones à la modernité
Dalila Mekki, Le Corps alchimique dans Le Cadavre encerclé de Kateb Yacine
Judith G. Miller, Le Sang des promesses : filiations et rhizomes
Ali Chibani, Voix sans roi
Giuliva Milò, Alexandre Najjar : Phénicia ou l’identité en partage
Andrea Moorhead, L’oiseau siffleur
Marc Quaghebeur, Des soirées de Strasbourg aux soupers des alentours du Luxembourg
Deuxième partie
Destinées voyageuses
Nabile Farès, Liberté francophone… Les voyages et découvertes francophones de Beïda Chikhi
Marie-Caroline Meur, Liens identitaires : frontières menaçantes de groupes inquiets et violents ou pulvérulence fécondante d’un humus commun ?
Anne Schneider, De la littérature francophone à la littérature de jeunesse migrante : la mémoire en reliance
François-Xavier Cuche, La mémoire et l’exil. Une vie lisse et cruelle d’Eugène Dervain
Priska Degras, Édition critique du Voyage au Royaume d’Opalle de Pedro Conrad Jose Y Gualdaval et des Commentaires de raison d’Archibald Halderoy
Claude Beausoleil, Le Territoire dit du poème
Roger Francillon, Écrivains romands et monde arabe
Marina Geat, L’Afrique au coeur de la « destinée voyageuse » de Georges Simenon
Margaret Majumdar, L’imaginaire orientaliste : échos et retours
Zineb Ali-Benali, Ville de l’autre, ville de soi : sortir « nue » pour être et mourir. Ces femmes qui sont dehors
Romuald Fonkoua, Relire Le Docker noir de Sembène Ousmane : le book-maker ou la fabrique de la littérature
Jacques Chevrier, Des sciences exactes à la littérature : parcours paradoxal de quelques écrivains africains
Abdelwahab Meddeb, Diamantaire.
Troisième partie
Tête à texte
Juline Hombourger, De la mise en corps à la mise en mots : Réjean Ducharme, un exemple de performance en littérature
S. Seza Yilancioglu, Une aventure romanesque : de l’imaginaire au réel chez Adalet Agaoglu
Charles Bonn, L’oeuvre de Mohammed Dib entre malentendus de lecture et défi de l’insensé
Anne Douaire-Banny, Isis en Sorbonne
Victoria Famin, Édouard Glissant, lecteur du Tout-Monde
Lise Gauvin, Écrire, disent-ils : de quelques romanciers fictifs
Nicolas Hossard, Le chêne ou le roseau. Approche du généalogisme critique dans le champ littéraire francophone
Sandrine Meslet, Les stratégies romanesques à l’épreuve de l’essai dans
Le Dérèglement du monde d’Amin Maalouf
Afifa Chaouachi-Marzouki, D’Agar au Mirliton du ciel : l’aventure du goût dans l’oeuvre d’Albert Memmi
Ibrahima Diouf, Le roman politique afro-caribéen ou d’une éthique de l’aliénation à une poétique de légitimation
Karin Holter, L’une d’elles… ou l’histoire des premiers battements d’aile d’Histoire
Stefania Cubeddu-Proux, La ville invisible de Jacques Poulin : une lecture de la ville de l’auteur québécois à travers le regard d’Italo Calvino
Nourredine Saadi, L’automachin, comme disait Aragon
Beïda Chikhi. Biobibliographie
Index thématique
Table des matières